2012/04/20

/// les hum.eurs du sieur E. -16- ///

« la campagne -7-« 

*

puisqu’on l’interroge, il répond.
le micro est tendu, il sait qu’on cherche à le piéger…

le E. l’a pas sa langue dans sa poche, ne la donne pas au chat non plus…
– enfin, ça dépend –
par contre… c’est un vrai parano(e) !

il lui dit – au micro – qu’il rit de voir les media, d’observer les sondages, d’entendre les uns, les autres…
qu’il se rappelle : « ton vote ne sert à rien, ce parti ne sert à rien ! » …

il faut dire que, sourd, idiot, le E. a voté Front de Gauche dès sa fondation. bêtE.

le E. reçoit un coup de coude… dans le dos… oh ! oh !
et deux coups de hache à la nuque…
ça vient de tous côtés, de droite comme de gauche…

mais… « il ne sert à rien ce parti !»…

mais … fit 20,4% à Limoges en 2010 aux régionales.
pas si mal… qu’il répond…

*

ah, il en a entendu des choses… le E.

sert à rien…
sert à rien un parti à 5%…
sert à rien, ton vote… (en début de campagne…)

sert à rien…
(3ème de l’élection présidentielle, peut-être, ce vote, dimanche soir …)

sert à rien…

le E. y dit que ça sert toujours de voter pour ses idées : elles existent, perdurent, peut-être se développent, se répandent… la pieuvre… la preuve… ! oups…

on lui dit, le nez sous le micro, tendu : « alors, tu l’as trouvé ton sauveur… l’homme, le charismatique…! le maître !!! »

non de dieu ! ça lui fout la gerbe, au E., d’entendre des trucs pareils…
non…
un qui rassemble… oui… voilà, c’est mieux, qu’il dit…

mais surtout…
crétin,
ouvre l’œil, le bon… et pas celui que te paya le journaleux qui retourne sa veste par vent rose pâle, « aux reflets bleus »…

surtout…
une force, des hommes, des femmes, ceux qui lèvent le poing,
bah oui, c’est ringard…

disent « non », ceux dont on se fout car la lutte est passée de mode,
ringarde,

ceux… qui se font insulter, cracher dessus, parce qu’ils manifestent leur colère dans la rue…
ringards…

ceux qui « prennent la france en otage », comme y disent tous, à la télé, à la radio, comme s’ils étaient responsables de l’état du monde, du système, de ta journée de merde…

alors, non…
c’est pas seulement un mec à la tribune…
c’est tous les « pas content, pas content, pas content ! » dont tu te fous, souvent…

si, si… souvent… tu te moques…
si ce n’est toi…
si ce n’est toi…

*

et cette question maintenant, dans la bouche d’inattendus pas contents :
« bon, comment on fait pour gagner, maintenant ? ».

ça, y sait pas… mais déjà voter pour tes idées. leur donner une chance, à tes idées… ‘bécile !

le E., toujours au micro – il en profite – lit ce mot qu’il a adressé à un autre adepte du bella ciao…

« je n’ai pas pu ne pas penser à toi, à nous, à nos anciens… à l’italie…
c’est le « souffle » qu’il crée qui me parle, je ne suis pas du genre à suivre un homme… tu le sais bien…
ce rassemblement ! 6000 personnes dans la grande salle (pleine ! 1ère fois que j’y mettais les pieds…), 3000 dehors devant l’écran… et combien connectés au tube cathodique ?
et cette petite fanfare avant la prise de parole… bella ciao…
et cette force, cette puissance collective… ce grondement…

j’y ai surtout vu les chieurs… les syndicalistes, les syndiqués, les associatifs, les politisés, les engagés… ceux qui habituellement, se regroupent sous des drapeaux différents, ou refusent les drapeaux et se retrouvent là par ce qu’il y a une force commune.

– n’attendez pas les instructions, les directives, montez des groupes de réflexion, des comités de quartier –
t’as pas souvent entendu ça… hein ?

ciao Ropa ! ».

*

qu’ils envoient l’aile gauche du PS sur les plateaux-télé pour tromper l’électeur ne change rien…

tout le monde sait…

le choix ne peut plus se faire que sur la peur…
ils le savent bien, ne jouent plus que là-dessus… vote utile, vote utile, 21 avril 2002… ouh ouh ouuuuuh… la « Une » de Libé…
ouuuuuh… j’a peur… j’a va pas voté pour ma zidées, alors…

et la politique prévue ?
essayer
de « moraliser le capitalisme »…
entendu 100 fois…!

et c’est danielle qui doit sourire…

micro tendu, toujours, bientôt à curer sa cervelle…
et ses commentaires à la jean-marc sylvestre… pensée unique : rien, rien d’autre n’existe, one way, one, unique, rien, rien autour, pas exister, rien, ça, ça, ça, rien d’autre, impossible d’ouvrir son esprit à quoi que ce soit, car…
dieu (?) a dit.
les marchés ont leur logique (?).
il n’est pas possible de… (?).
on ne peut que… (?).

le E. prend sa plus belle plume, la trempe dans son fondement, au journaleux de mes deux, et enfile les mots :

*

«nous sommes bêtes, nous ne comprenons rien. on se foutait de nous à 4%…
et maintenant à 12, 13, 14, 15…
quoi que nous sommes ?

en 2005, nous étions les cons, les NON, nous ne ne comprenions rien… et 54,68% !… et ça, dans ta gueule !

pour dire les choses simplement, ta parole est utopique tant qu’elle est à 5%…

imbécile tant qu’elle n’est pas majoritaire.»

le E. passe donc sa vie entre les deux : utopiste pour les uns, imbécile pour les autres. il est passé, avec la même idée, d’utopique à imbécile en quelques mois. sans bouger…

le journaleux lui a fiché le micro dans l’oreille… lui dit que, ce soir, z’ont dit que la note allait peut-être être dégradée.
le E. le regarde, le journaleux, et il voit bien que ça lui paraît normal de parler comme ça, de relayer ces informations-là, de cette manière-là. nor-mal.
et ça leur paraît, tous, normal. ils ne s’étonnent pas.
ils vivent dans un monde de merde, avec trois costards-cravate qui décident de tout, qui leur disent comment penser, comment agir, quoi dire et ils relaient ça à la télé, sans moufter.
il faut les voir, ces spécialistes. tous les soirs : jean-marc sylvestre au micro, pleine scène, dans la lumière… immense spécialiste…

bouffés par les bourses, la spéculation, mais on continue à jouer le jeu…
on continue à voir l’indice caca-40 en bas à droite des écrans.

qu’ils gagnent ou perdent du fric… ce qui importe, c’est de savoir sur le dos de qui ?

le journaleux lui répète, au E. : on va être attaqué !!! mais que faire ? mais que faire ?

réponse du E. : affamer tout le monde ! c’est la seule solution…

*

et tandis que E. fait le show, dandine de la hanche, dans sa jupe à cerises… ça fait taptaptaptaptap…
d’une porte à une autre…

taptaptaptaptap… dans le couloir…
taptaptaptaptap… les escaliers…

taptaptaptaptap… ascenseurs, passerelles…

taptaptaptaptap… ça passe d’un camp à l’autre…

ça passe d’un camp à l’autre… je répète : ça passe d’un camp à l’autre…

le E. éprouve comme un renvoi.
ça pue la nausée…

un renvoi… le E. porte sa main à la bouche. un renvoi, encore…

«oh, excuse-moi…
je crois que je t’ai vomi dessus…».

fin d’interview…

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salut les parano(e)s !

E.

(page facebook du E. : https://www.facebook.com/E.5131 )

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