2015/12/01

/// 343. le journal de E. / 2015.12.01 ///

01.12.2015 à 20H10

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Au fil des minutes, au fil des années, mon visage se déforme. J’incline à la dissymétrie.

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Au-delà de mon visage, il y a abondance d’oiseaux dans le jardin. Chacun semble semble préparer son terrain pour l’hiver. Les merles et les mésanges règnent en maître et par le nombre. Les dernières grues, les retardataires, ont traversé le ciel il y a deux semaines. Deux rouges-gorges trouvent une place. Quant au pivert (un pic épeiche, plus exactement) : il cogne ! Il cogne la branche morte du cerisier, l’énorme bras tronqué du noyer. Je crois qu’il tape si fort qu’il finit par gêner les autres oiseaux qui aimeraient bien se préparer tranquille, voire, pour certains, piquer un roupillon.

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Volte-face. Il faut regarder ailleurs puis se concentrer sur soi. C’est la méthode. La petite dame, suivi de son cabas à roulettes n’avance pas bien vite. Pas bien vite. Elle s’arrête et furète ; un œil derrière la haie, l’autre derrière la vitre, et s’applique à déchiffrer les noms sur la boîte aux lettres. La maison est une colocation, maintenant : on n’y comprend plus rien dans le quartier.

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On ne s’étonnera pas d’observer que les publications sur ce site ont repris le 2 novembre… Elles ont repris quelques jours après une discussion glaçante dans une voiture, avant de rejoindre une fête (ironie du sort).

La question de l’installation progressive ou soudaine d’un état policier était dans nos bouches…

Quand elle envisageait le pire issu de l’urne, j’envisageais le pire, comme au billard, en passant par la bande. On peut cumuler les adversités.

— Cela viendra de Syrie, lui ai-je dit, le 30 octobre au soir, vers 20H30. Ce qui se joue à l’extérieur de l’Europe finira par jouer à l’intérieur de l’Europe.

Je le pensais mais je le disais comme ça. Sans imaginer vraiment sous quelle forme cela pouvait se manifester. Je voulais dire dans les dix années qui viennent. Peu à peu. Sans qu’on n’y prête trop attention.

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Il ne s’agit pas de transformer cet endroit en zone de l’après 13 novembre, il s’agit pour moi de prendre conscience que c’est bel et bien et plus que jamais la zone de mon expression. A ne pas déserter.

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Pourquoi communiquer ?
Pour essayer d’agir ?

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Pourquoi les mots ?
Parce qu’on ne peut agir…
Parce qu’on sait qu’au bout il y a la mort

Et qu’on veut dire et se dire avant, à défaut d’agir…?

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Pour essayer de transmettre…

Les générations à venir feront le monde de demain. Avec deux trois valeurs autres que celles véhiculées par les télés, les radios, les affiches, les écrans, on s’en sortira peut-être… L’embrassade répétée fut le premier geste de résistance.

L’écrit est un geste aussi, celui qui fait que, même sans action, on se détache de l’indifférence. De cette sale posture, voulue ou non. J’aime beaucoup le texte de Gramsci : « Je hais les indifférents ».

Écrire parce qu’on a à dire, écrire pour exprimer, se vider et créer peut-être…
Donc agir sur le monde.

Écrire, c’est agir.

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Hum Toks & E.5131

/// "ça, c'est quand le E. s'amuse... / (tu viens jouer, avec lui...?)" / ©E.5131 ///
/// « ça, c’est quand le E. s’amuse… / (tu viens jouer, avec lui…?) » / ©E.5131 ///