2011/08/07

/// instantané ///

journal (extrait) / E.5131

(…)

c’est la nuit
les nuages noirs ont balayé le peu de lune

c’est le petit bal du village
on a dansé

les pères sont déboutonnés
comme une partie des femmes
et ça sent le frai ! et les degrés !

les notes résonnent
une basse molle, une batterie frêle
un piano à bretelles et la fille, la petite brune
et sa voix sans coeur
et son violon

luminaire de samedi soir, tricolore
et puis du vert… et puis du jaune…
estrade, scène de bois
où se cache la mécanique

les mères au plus près des bambins
enflées

à ajuster le col, la robe, le sous-pull
à gueuler, pour câliner dans la seconde
à orienter la poussette
à souffler sur son déboutonné
à admirer le tout tout petit qu’a peur des pétards et du feu d’artifices
qu’elle ne regarde pas, sous le charme
à crier plus tard

les ados sont dans les bois…

les enfants sous la cabane

nos vingt ans enfuis

c’est la nuit
les nuages noirs ont balayé le peu de lune

les plus jeunes prendront la place des plus vieux

c’est le petit bal du village
on a dansé

et la petite brune longtemps chantera :

« emmenez-moi au bout de la terre
emmenez-moi au pays des merveilles »

(…)