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« Un, deux, trois… »
Samedi 10 Décembre 2011
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Ramassé en cinq minutes.
— Est-ce que je peux avoir du chocolat après le fromage ?
C’est Aliasse qui ouvre le bal. Chronomètre démarré. Il faudra cinq minutes pour achever le concentré.
Toupetitou se dirige vers le réfrigérateur, qu’il ouvre avec peine. Il emploie toute sa force. Il cherche un yaourt… Il inspecte les étiquettes. Main droite, main gauche, yeux portés sur le dessin. Moue. Chaque étiquette. L’une après l’autre. Il repose la boîte quand elle ne lui convient pas. Il prendra celle qui lui convient, ce soir. Celle qui ne présente pas le visage d’un « méchant ». Il ne veut pas ingérer la nourriture contenue dans un contenant « méchant ». Il a déjà mangé, les soirs précédents, les produits à visages « gentils », il doit alors choisir par défaut et prendre le « moins méchant ». C’est le concept démocratique qu’il découvre là… Je mangerai les pots délaissés. Plus d’autre choix pour lui, au bout d’un moment, que de ne pas prendre de dessert : ces visages, ceux qui restent, lui sont trop insupportables.
Il revient, les mains vide. J’ai compris. Il demandera un chocolat à Aliasse.
Lagrande a fini de manger. Sur une table, à l’écart, elle recopie dans un carnet tout frais les numéros de téléphone de ses proches, ami(e)s, potes, potesses, etc.
— Que fais-tu ? lui demande-je.
— Je me connais, commence-t-elle.
J’ai bien envie de lui dire que je me connais aussi et que je sais exactement ce qu’elle va me dire…
— Je me connais. Je sais que, d’une façon ou d’une autre, mon téléphone va mourir. Perdu, égaré, plongé dans l’eau (elle me regarde avec insistance — j’ai déjà fait ça), écrasé… Enfin, tu vois…?
— Je vois.
— Je sais qu’immanquablement la carte SIM sera irrécupérable. C’est mon genre…
— Je vois.
— Alors je note tous les numéros sur un carnet. Je prévois la catastrophe.
— Et tu perdras le carnet.
Elle sourit.
On se connaît bien, tous les deux.
Bah ça alors©
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« Lagrande 2012 » ©E.5131
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