Samedi 24 Décembre 2011

Toupetitou chante « n’oublie pas mes petits souliers » et m’explique que le soulier c’est pareil que la chaussure. Ses chaussures, ça fait deux semaines qu’elles sont sous le sapin ! Tous les soirs ! Et le matin on regarde à l’intérieur, on trouve rien et on les chausse parce qu’on va pas aller à l’école pieds nus, non plus !
Il repart en chantant…

Au tour d’Aliasse Lamoyenne. Elle arrive avec le fond d’un carton. Elle a découpé les côtés, le dessus. Lui reste le fond. Elle le pose au sol, s’assied dessus. Et attend.

– Il marche pas le tapis volant !
– Hein ?!!!
– Le tapis volant… Elle désigne le fond du carton avec ses yeux noirs. Le tapis volant… Il vole pas !
– Je vois ça…
– Tu veux bien le faire voler ?

Je suis un papa magique. C’est l’illumination…

– Bien sûr.

J’attrape Aliasse, la tient dans mes bras. Elle tient le carton sous ses fesses.

– C’est parti !

On tourne. Son tapis volant fonctionne : tout va bien. Le monde magique et poétique l’a emporté. Encore.

Lagrande débarque. Son plaisir, maintenant, c’est de voir celui d’Aliasse et  celui de Toupetitou. Elle porte une autre lumière dans l’œil.

Noël et son côté festif et son côté triste. La crèche et la croix. Je lisais, petit, et relisais la fuite du peuple hébreux sur le Bolero de Ravel que je faisais hurler dans la chambre d’ami, au premier étage du pavillon. L’exode et les sept plaies. La liberté retrouvée et la mort des premiers nés, celle du fils du pharaon. La joie des uns, le dénuement des autres. Dans la rue.  Engloutis par la mer. Drôle de dieu… Les lumières et le froid. Le nécessaire, la fête, le superflu, l’indécent. Le sapin illuminé qui me fait mal à la tête.

Bienheureux les tous petits couvés. Mais pas trop… Ex ducare… Ex ducare… Ex ducare…

Bah ça alors©