2012/05/04

/// pensée ///

« journal/extrait » 2012-05-04 / E.5131

 

ce jour-là,
début juillet 1998,
l’arrivée, sur le quai de la gare de Maubeuge, était modérément
enthousiaste…

certes,
Iggy Pop jouait là, venu faire son « american caesar », mais nous n’étions pas, Madame Point et moi, venus pour lui…

le ciel était chargé et, d’ailleurs, jamais nous ne vîmes de clair de lune, à Maubeuge…
il pleuvait des cordes et des lacets… les autochtones nous assuraient qu’il faisait beau pour la saison (juillet…).

nous venions pour chercher un nid… et accueillir quelques mois plus tard, Lagrande.

concernant les logements en location, les agences immobilières tenaient deux dossiers :

celui pour les clients potentiels au chômage
celui pour les profs ou gendarmes mutés là, pas le choix, avec libération du lieu dans les trois ans…

pour nous, ce fut trois mois…

mais revenons sur le quai de la gare…

la france s’apprêtait à disputer une place en finale et l’italie serait malchanceuse… il était écrit, et je le réécris là, ce soir, que nous vivrions les dix dernières minutes dans un bar, en face de la gare, à notre retour sur Paris. la barre transversale et le hurlement de joie, la délivrance (pas la libération) dans toute la capitale !

sur le quai de la gare (retour à Maubeuge…), personne.
nous avançons.
c’est l’inconnu, une ville, une région où nous devons poser les valises. nous nous raviserons. la région, oui… cette ville, à ce moment-là, ça n’était pas possible. j’ai beaucoup écrit, à l’époque. un roman… inachevé. un de plus. à l’époque, on enregistrait les fichiers sur des disquettes… je fabriquais des trucs à manger en vitesse aussi, et passais beaucoup le balai et la serpillère le matin vers 7H… à 600km de là, le reste de la semaine… mais c’est une autre histoire…

sur le quai, personne.
dans le hall (de la gare de Maubeuge…), personne. nous avançons.
sommes sur le trottoir, prêts à quitter la gare quand une fourgonnette arrive. à l’avant, jay-jay johanson.
je m’arrête.
interdit.
je pose le sac à dos.
nous avons rendez-vous

dans un quart d’heure, dans une agence immobilière… merde !

la porte arrière s’ouvre et déboulent trois mecs. rieurs. ils devaient se raconter des blagues… même jay-jay johanson avait le sourire… jay jay que le Syn- a interviewé à Poitiers, à peu près à la même époque…

ils nous regardent, Madame Point et moi. ils savent que je les ai reconnus. ils ont lu sur mes lèvres, dans mes yeux : les Beastie Boys.
nous avons rendez-vous

dans un quart d’heure, dans une agence immobilière… re-merde !

je voudrais prendre un café, discuter. ils l’ont compris et rient.

je leur dis « hello », quoi d’autre… un geste de la main… salut… et nous y allons. nous avançons vers la ville… cinquante mètres et je me retourne, ils nous regardent encore, sur le trottoir, avec de grands gestes, rires aux lèvres…

oui, rendez-vous. j’aurais bien pris un café, une bière… pour débuter cette journée. eux pour l’achever…?

c’était comme une invitation, ces trois clowns sur le trottoir, la gare de Maubeuge dans leur dos…

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ce soir, plutôt que le dixième texte « la campagne », ce sera un souvenir… une pensée. une hum.eur maussade…

Adam Yauch est parti. les Beastie Boys ne sont plus que deux…
pourquoi cette tristesse ? le cœur qui se tord… ?
on pense aux siens… oui, et on pense aux autres…

incroyable cette part que peuvent prendre certains, malgré soi…!

E.

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le morceau enregistré sur VHS qui passait en boucle, à cette époque-là, chez Madame Point, Syn- et le E. :

http://youtu.be/m-V6eXlDK2E

(Adam Yauch et sa basse à 1’52… terrible !!!)

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